Je suis née le 04 août 1985, à Londres. Mes parents, Jeremiah Fawley et Adélaïde Lully, m'ont élevée dans la plus pure des traditions aristocratiques et de sangs-purs. Ils ont toujours été très durs avec moi mais toujours justes et parfois même tendres. Ma mère, de part son héritage français, a toujours laissé plus cours à ses émotions que mon père, fier aristocrate anglais.
Je n'ai pas énormément de souvenirs de ma petite enfance, si ce n'est un sentiment diffus et confus d'amour. Mes parents ne m'ont jamais dit qu'ils m'aimaient mais je l'ai toujours senti. Je me souviens toutefois de la première fois que j'ai fait de la magie : je savais déjà que j'étais une sorcière, bien entendu, mais faire voler mes poupées m'a surprise tout autant que l'elfe de maison qui s'occupait de moi à ce moment-là. C'est une des rares fois où j'ai vu mon père sourire, fier de moi.

L'été de mes onze ans, j'ai reçu ma lettre pour Poudlard, où j'étais inscrite depuis ma naissance. Ma mère avait fait ses études à l'institut de Beauxbâtons et elle aurait bien aimé que j'y aille également mais mon père s'était montré inflexible : j'irai à Poudlard, un point c'est tout. Je ne regrette pas du tout ce choix.
Je suis entrée à l'école en 1996, dans la Maison de Serdaigle. Mon père y avait fait ses classes également et la lettre qu'il m'avait envoyée quand je le lui avais annoncé était remplie de fierté. Je n'avais plus qu'un but à partir de ce moment : être la meilleure pour le rendre fier. Malheureusement, il y eu tous ces problèmes avec le Seigneur des Ténèbres. Ma famille était une des rares de Sang-Pur à ne pas tremper dans ces histoires de magie noire, bien qu'elle soit adepte du concept "Toujours purs". Les Fawley n'ont rien contre les Moldus et Sangs-Mêlés mais préfèrent tout de même la compagnie de personnes de leur rang.

Mes premières années au Château furent donc mouvementées, particulièrement la deuxième. Malgré la menace de Voldemort et la réticence de ma mère, j'avais tout de même suivi les cours cette année-là, car je ne devais absolument pas prendre de retard, quoiqu'il arrive. De plus, j'étais protégée par mon statut de sang pur. C'est également en deuxième année que se produisit un grand changement dans ma vie : je découvrais pleinement le Quidditch. Je connaissais le sport des sorciers depuis ma tendre enfance mais je n'y avais encore jamais joué - jusqu'à ce que je tente d'entrer dans l'équipe de ma Maison. Je me suis alors découvert un réel talent, bien plus engageant que les études.
Je devins attrapeuse, presque aussi douée qu'Harry Potter lui-même. J'étais rapide, vive et légère, je disparaissais et surgissais sans que mes adversaires ne puissent me suivre. Mes coéquipiers m'adoraient, nous gagnions presque tous nos matches. Mes parents ne s'intéressaient pas réellement à ce que je faisais sur le terrain, me laissant jouer comme je le voulais. Je ne comprenais pas vraiment à ce moment-là, car ils se mêlaient tout le temps de ma vie, normalement - et tout s'éclaira quand passa la loi de 2000.

Mes parents me laissaient tranquille parce qu'ils avaient autre chose en tête pour moi. Et jamais je ne me serais doutée que ce serait aussi... important. En tant que jeune fille issue d'une famille d'aristocrates, je savais que je n'aurais que peu de chances de choisir mon futur époux, sauf si celui-ci convenait à mes parents. En 2000, j'avais 15 ans et il y avait bien un garçon qui m'intéressait mais je savais que jamais mes parents n'auraient approuvé notre relation, aussi je n'avais jamais cédé à ses avances. Le coup qu'ils me firent fut toutefois très bas.
J'avais envisagé comme début de carrière d'entrer dans une équipe professionnelle de Quidditch et pourquoi pas celle des Harpies de Holyhead. Je savais que j'avais le niveau, il m'aurait uniquement suffi de demander une place. Après quelques années passées à jouer, je me serais sûrement rangée dans une carrière au Ministère, où j'aurais bien entendu brillé. Mes parents ne l'avaient certainement pas entendu de cette oreille. Ils me laissèrent jusqu'à mes 16 ans dans l'ignorance ; le jour de mon anniversaire, ils m'annoncèrent que je me marierai dès ma sortie de l'école à un sorcier de deux ans mon aîné.

Pour la première fois de ma vie, j'avais protesté. Mes cris et mes pleurs n'avaient en rien fait vaciller la volonté de mon père et pour la première fois également, il avait levé la main sur moi, me faisant taire. La déception qui se lisait dans ses yeux me fit plus mal que la gifle que j'avais reçue.
Ma septième année au château fut morose. Je jouais toujours mais avec moins d'entrain qu'avant, car je savais que le futur que je m'étais rêvé n'existerait jamais. Non, à la place, j'allais me marier à 18 ans et je devrai avoir mon premier enfant le plus rapidement possible. Je ne connaissais pas encore mon fiancé mais je le haïssais de tout mon coeur.

Nous nous sommes rencontrés lors de ma remise de diplôme. Je me souviens que, lorsque le professeur McGonagall m'avait remis le mien, j'avais scruté la foule pour essayer de trouver mes parents et la présence d'un bel inconnu assis à leurs côtés m'avait troublée. Une fois descendue de l'estrade, je m'étais dirigée vers eux, essayant de mon mieux de ne pas fixer l'individu et une puissante odeur musquée m'avait emplie les narines - je l'avais trouvée presque aussi exquise que celle du chocolat ou des vieux livres. Puis il m'avait tendu la main et j'avais compris. Cet homme était celui auquel mes parents avaient lié ma vie.
Je vouais à Kai von Rosenthal une haine sans borne, pendant les premiers mois de notre vie commune. Nous nous étions mariés le jour de mes 18 ans, le 04 août 2003 et je lui en voulais de me gâcher un deuxième anniversaire. Notre vie de couple marié partit sur de très mauvaises bases : je lui en voulais de m'avoir coupé les ailes et de m'avoir volé les meilleures années de ma vie, me réduisant à une simple femme au foyer puisque je ne parvenais pas à trouver du travail malgré mes ASPICs obtenus haut la main. De plus, la pression mise par la loi était forte : nous devions produire un héritier au plus vite. Je dois l'avouer, j'avais peur. Je n'avais aucune expérience dans les relations charnelles et j'allais devoir forcer ma première fois avec un homme que je détestais. Peut-être est-ce parce qu'il me laissa le temps qu'il me fallait que je commençais à moins le rejeter. Je n'avais rien fait pour arranger nos relations mais il parvenait toujours à trouver les mots justes pour me calmer, lorsque je partais dans mes longues tirades dictées par la colère.

Je finis par me résigner à mon sort, au bout d'un an, et commençais alors à m'intéresser à mon époux. J'appris qu'il était fort intelligent, ce que je refusais d'admettre auparavant, et qu'il avait un sens de l'honneur et de la famille très prononcé. Il me confia également qu'il était empathe, ce qui expliquait pourquoi il trouvait toujours ce qu'il fallait dire. Je commençais à être charmée par sa personnalité, par son physique aussi et rapidement je tombais amoureuse - sans jamais le lui confier ou me l'avouer.
C'est à ce moment que j'acceptais pour la première fois de partager sa couche et, à mon grand étonnement mais aussi à mon grand ravissement, cela me plut. Nous étions faits l'un pour l'autre et cela me réjouissait. La Cedrella de 17 ans n'aurait jamais pu voir arriver une chose pareille ! Je tombai facilement enceinte, pour le plus grand bonheur de Kai et de mes parents. Nous n'avions pas énormément de relations avec les siens mais il n'avait jamais vraiment voulu me dire pourquoi. Je n'avais pas cherché à savoir, respectant son silence.

Nos jumeaux, Henry et Katarina, sont nés le soir d'Halloween. Jamais je n'avais été aussi heureuse et, pour la première fois, j'avouais mon amour à Kai. Il me répondit qu'il m'aimait aussi. J'étais comblée.
Je restais que peu de temps à Ste Mangouste et revins rapidement dans notre maison de Londres. Là, j'élevais nos petits pendant trois ans avec l'aide des elfes de maison, avant d'enfin commencer à travailler. Exton Sherwood, devenu directeur du Département des Mystères, avait accepté ma candidature pour devenir langue-de-plomb. J'avais depuis longtemps abandonné mon rêve de Quidditch et l'arrivée de mes bébés n'avait que renforcé cette idée : je devais avoir un travail stable et régulier afin de pouvoir être avec eux un maximum.
Mes parents n'avaient pas vu d'un très bon œil que j'entame une carrière mais me voir aussi épanouie les convainquit du contraire. J'ai vite progressé dans mon travail et cela fait désormais un an que je suis responsable de la salle du savoir du département des Mystères. Kai, lui, est devenu directeur de son propre département et nos enfants feront leur première rentrée à Poudlard dans deux ans.

Cela fait désormais cinq ans que je suis une occlumens.

L'apprentissage n'avait pas vraiment été compliqué, puisque très scolaire et en même temps assez proche de ce que je suis naturellement - secrète, discrète - tout en requérant d'assez grosses quantités d'énergie. J'étais fatiguée à la fin de chaque séance, après avoir passé près de deux heures à empêcher mon professeur d'entrer dans ma tête et de fouiller dans mes souvenirs.
Le début avait somme toute été assez désastreux. J'ai beau être quelqu'un qui s'ouvre difficilement, mon apparence de glace faisait tout le travail en dissuadant le sorcier lambda de vouloir s'insinuer dans mon esprit. Mais vu que j'avais décidé de devenir langue-de-plomb, il me fallait faire en sorte de trouver un moyen d'empêcher des sorciers un peu plus puissants de découvrir sur quoi mes travaux porteraient - d'où le besoin de l'occlumancie. J'avais du mal à construire ce mur qui protégerait mes pensées les plus profondes, qui protégerait ma vie tant professionnelle que personnelle.

Le déclic avait eu lieu quand la personne qui m'entraînait ce jour-là car mon professeur était malade était tombée sur ma première fois. C'était un souvenir que je chérissais, car il marquait le moment où j'avais accepté que mon destin était désormais lié à celui de Kai von Rosenthal, où j'avais accepté le fait que j'étais désormais une épouse et une future mère, où j'avais accepté le fait que l'ancienne Cedrella Fawley avait désormais disparu. Et je m'étais révoltée. D'où cet étranger prenait-il le droit de regarder, de disséquer même, un de mes souvenirs les plus intimes ? Qui était-il pour espionner la vie privée de Cedrella Fawley von Rosenthal ?
Mon mur s'était dressé, fier, menaçant, vierge de toute incertitude qui pourrait donner une emprise à mon adversaire. Celui-ci s'était retrouvé dehors et, si je le sentais tâter mes résistances avec son esprit, je tenais bon et je sentais que jamais, il ne pourrait pénétrer ma forteresse mentale.

Il s'était complètement retiré et avait hoché la tête, d'un air satisfait et vaguement admirateur et j'avais compris. J'avais réussi.